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KALUX FM Mali
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Maliennes et Maliens,

En cet instant même, l’année 1964 va succéder à celle qui, pendant douze mois, a entretenu votre enthousiasme, soutenu vos efforts, comblé vos espérances et exaucé vos souhaits les plus intimes.

Pour notre patrie, la République du Mali, l’année 1963 aura justifié, à tout moment, les sacrifices et les efforts grâce auxquels notre pays a maintenu bien haut le drapeau de la liberté de l’Afrique ; sur le plan international, 1963 aura imposé une régression de la guerre par la volonté de paix des peuples du monde entier.

Certes, nous avons vécu le douloureux conflit idéologique au sein du camp socialiste qui aura objectivement pour effet, d’affaiblir les forces socialistes de par le monde.

Il faut espérer ardemment que les responsables au sommet sauront trouver, sans tarder, la formule la meilleure pour réduire aux dimensions d’un simple jeu de mots, ce qui demeure un débat intérieur au camp socialiste.

A l’opposé, se situent les contradictions au sein du camp occidental, qui trouvent leur origine dans une lutte d’influences et dans l’opposition d’intérêt des puissances économiques à travers le monde. En tant qu’Africains et parce qu’elles ne sont pas étrangères aux bouleversements actuels en Afrique, il ne nous est pas possible de ne pas les déplorer.

Par contre, l’accord de Moscou, qu’il faut saluer comme un pas encourageant vers l’atténuation de la guerre froide, est venu répondre aux appels angoissés des peuples épris de paix.

Notre espoir en l’avenir de ce traité ne sera pas déçu, je l’espère, même après l’odieux assassinat du Président Kennedy qui a bouleversé le monde et suscité d’ores et déjà quelques appréhensions.

Enfin, et surtout, l’année 1963 laisse en héritage à l’année nouvelle, la lutte sévère contre le colonialisme et pour la liquidation de l’apartheid en Afrique du Sud. Puisse les grandes puissances répondre à l’appel de la conscience humaine en condamnant sans réserve cette politique qui constitue une injure à l’humanité entière.

Après la conférence d’Addis-Abéba, qui constitue la meilleure expression de la conscience africaine vers l’unité, tous les espoirs sont permis en l’avenir de la liberté et de la dignité de notre continent.

Les bouleversements qu’ont connus certains Etats africains et qui apparaissent comme la conséquence de la lutte d’influences entre les grandes puissances économiques, ne peuvent, en aucune manière, arrêter cette marche en avant. Le jour n’est pas loin, en effet, où l’on reconnaîtra que si cette lutte a pu avoir prise sur certaines couches de la population, c’est essentiellement en raison de l’absence d’une formation idéologique extirpant les complexes légués par la colonisation. Pourtant, l’ennemi de l’Afrique a exploité l’erreur capitale des dirigeants qui, insuffisamment liés au peuple, ne se sont pas courageusement engagés dans une politique réellement nationale, réellement indépendante, quelles qu’en soient les difficultés.

Il faut, par ailleurs, déplorer le conflit algéro-marocain qui constitue pour l’O.U.A. un test sérieux et surtout une rude épreuve pour les deux Etats frères dans la justification de leur volonté de paix et de leur désir ardent d’apporter une contribution positive à la consolidation de l’unité africaine. Avant longtemps, sans doute, la réelle fraternité y reprendra ses droits pour le bonheur des deux peuples et pour l’honneur de l’Afrique.

Maliennes et Maliens, notre Parti, l’Union Soudanaise-R.D.A. a mis en place l’ossature de la société socialiste : formation des cadres politiques, administratifs et techniques, poursuite du plan de développement, stabilisation de la monnaie, contrôle plus serré du commerce extérieur, extension du secteur d’Etat du commerce, création des comités de gestion des entreprises afin d’accroître les responsabilités des travailleurs dans le fonctionnement des entreprises et des sociétés nationales, impulsion des organismes coopératifs de production et de consommation, etc… .

Il appartient dès aujourd’hui, aux différentes couches de la population, en particulier aux travailleurs, que cette ossature soit plus étoffée et puisse permettre de faire effectuer à notre peuple, un nouveau pas en avant dans la voie de la construction socialiste. Parce que le succès du Mali, notre succès, en dépend.

 

Je suis assuré que vous apporterez, une fois de plus, la preuve de votre engagement et de votre maturité politique, aujourd’hui plus qu’hier, lorsqu’entrèrent en application les mesures d’austérité et de redressement.

Je n’ignore pas, en effet, que ces décisions arrêtées tant sur le plan de la construction socialiste que sur celui de l’assainissement des finances publiques par l’allégement des charges du budget, ont pu éveiller chez certains militants, certains travailleurs notamment, cette émotion qui accompagne toujours chez l’homme, la révision un peu déchirante de son mode de vie et de ses habitudes.

Mais je sais aussi que ces camarades, en raison de leur engagement sans retour dans la voie de l’édification du socialisme au Mali, ont pu dominer leurs émotions premières ; ils ont compris la justesse de ces mesures hautement appréciées par les masses rurales en particulier, et par les populations de notre pays en général.

Il faut aller dans la campagne pour se rendre compte que le port sur la tête, ou le transport à dos d’âne ont considérablement diminué au profit de l’usage de la bicyclette, de la mobylette ou même du camion. On mesurera en même temps les effets bénéfiques de l’installation de la SOMIEX, des groupements ruraux, des coopératives de consommation qui mettent à la portée de nos masses, à des prix avantageux, les articles de première nécessité.

On sera également frappé, surtout chez les nomades de la sixième région, par la volonté de se stabiliser, que traduisent les maisons en terre dressées à la place des paillotes et des tentes.

Maliennes et Maliens, nous n’avons pas un seul instant voilé notre engagement dans la construction d’une société réellement socialiste. En aucun moment, nous n’avons édulcoré ou même infléchi la politique de non-alignement de la République du Mali.
Nous n’avons, en aucun moment, créé ou entretenu, ou laissé la moindre équivoque sur notre volonté de pratiquer une politique réellement nationale, dans le cadre d’une Afrique réellement libre et unie.

Nous ne nous sommes jamais masqué pour autant les difficultés que nous devions connaître, car ce n’est pas du jour au lendemain qu’on pourra détruire la vieille légende « d’une Afrique incapable de se diriger elle-même politiquement et économiquement ». Tenter comme le Mali et tant d’autres Etats de réfuter, par des actes, cette légende, c’est s’exposer aux coups de la part de ceux qui vivent dans la mystique de la supériorité de leur race, de leurs méthodes.

Ils sont convaincus que tout au long de notre marche en avant vers la construction d’un Mali socialiste, conformément à la volonté exprimée par toutes les couches de la population le 22 septembre 1960, nous connaîtrons des difficultés telles que des camarades, hier soldats valeureux et intrépides du développement de l’Union Soudanaise-R.D.A. et de libération nationale n’auront, aujourd’hui, ni la reconversion facile devant les nouveaux objectifs, ni le souffle nécessaire pour poursuivre la marche en avant.

Il y en a, par contre — et il y en aura – qui perdront leur manteau de démagogue, qui n’hésiteront pas à s’allier avec les ennemis jurés du socialisme en général, et de la progression socialiste du Mali, Etat africain ; ils se retrouveront, infailliblement du côté de ceux pour qui l’Afrique doit demeurer, coûte que coûte, dans la voie d’une économie capitaliste dont les effets néfastes, à l’aube de nos indépendances, n’ont pas manqué de se manifester dans certains Etats où sévissent la malversation, la corruption, le trafic, face à la révolte des populations.

Aux uns et autres, je souhaite que l’année 1964 apporte le bonheur que procurent le courage et le patriotisme. Ce que je souhaite, en définitive, c’est que l’année 1964 soit, dans le domaine des intérêts des masses populaires, plus clémente que l’année 1963, comme celle-ci l’a été par rapport à l’année 1962.

Est-ce à dire que 1964 sera sans difficultés ?

Loin de là ! Car, au fur et à mesure que l’unité nationale se renforce, que notre option socialiste prend corps, que s’affirme notre politique de non-alignement face aux blocs antagonistes, que notre engagement contre le colonialisme et l’apartheid demeure sans équivoque, il est évident que nous ne pourrons pas compter que sur des amis.

Il nous revient d’être vigilants, pour mettre en échec les tentatives de subversion venant de l’extérieur, pour neutraliser au besoin, l’action insidieuse et néfaste des démagogues incurables, des ambitieux insatisfaits, des attardés, des essoufflés qui ont pu croire que le socialisme était une vie de jouissances et de facilité pour les privilégiés d’hier du système colonial, ceux qui ne peuvent pas accepter de renoncer à leurs avantages pour que puisse s’élever de quelques crans, vers la dignité et le mieux-être, l’énorme majorité de la population.

Cette vigilance doit être l’œuvre de tous les militants, en particulier des jeunes, des femmes et des travailleurs. Il faut que 1964 soit, en République du Mali, l’année des travailleurs, par leurs initiatives dynamiques, leurs actions positives, leur vigilance de tous les instants pour la défense et la consolidation d’un Mali engagé, irréversiblement-je tiens à le souligner – dans la voie de la construction d’une société socialiste.

A toutes les Maliennes, à tous les Maliens, à vous tous, chers camarades, je souhaite que l’année 1964 apporte plus de santé, plus de satisfaction et plus de conscience socialiste.

Mes vœux les meilleurs vont également aux techniciens étrangers et à leurs familles, qui ont accepté, dans le cadre de la coopération internationale, de nous apporter le concours de leur technique et la preuve de leur foi en l’avenir de l’Afrique.

Je souhaite ardemment que l’année 1964 voit se renforcer les liens de coopération existant entre la République du Mali et d’autres Etats d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe, et que puissent s’élargir et se développer l’amitié et la solidarité entre les peuples.

Aux prières de tous les croyants et de toutes les bonnes volontés de par le monde, à leurs souhaits intimes, je joins ceux du peuple malien et les miens, pour que la sagesse inspire les peuples, leurs dirigeants, singulièrement en Afrique, pour que l’année 1964 soit celle de la tolérance, de la coexistence fraternelle des peuples et des gouvernements, dans la diversité des systèmes politiques et économiques, l’année de la paix, pour que les générations montantes regardent l’avenir avec l’espoir de vivre dans un monde où on ne parlera plus le langage des armes, mais celui de la fraternité réelle entre tous les hommes.

Maliennes et Maliens, chers compatriotes, où que vous soyez, je vous souhaite une bonne et heureuse année.

 

La redaction Maliactu

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